L’ancienneté du droit maritime empêche-t-elle de répondre aux besoins contemporains en matière de commerce maritime ?

  


Le droit maritime est, au sens large, l’ensemble des règles juridiques relatives à la navigation en mer, aux abords des côtes et dans les ports, ainsi que celles qui établissent un fonctionnement de base et règlent les litiges à bord du navire. Il recouvre des matières nombreuses, et comprend des règles applicables concernant les rapports maritimes entre les Etats, sur les rapports entre la marine marchande avec l’Etat et les différentes administrations publiques aussi bien des expéditions maritimes créent entre les particuliers.

Les règles du droit maritime en Haïti sont traités principalement dans le livre 2 du code du commerce (art. 274 a 476) ; le décret du 15 mars 1985 sur l’autorité portuaire nationale (APN) ; le décret du 5 mars 1982 créant le Service maritime et de navigation d’Haïti (SEMANAH) ; les conventions et accords internationaux ratifiés par Haïti. La Convention des Nations unies sur le droit de la mer ou Montego Bay du 10 décembre 1982 est le document juridique de référence au niveau international en ce qui a trait au droit maritime.


Les règles de notre législation en matière maritime se rapportent essentiellement aux moyens d’acquisition de navires, aux personnes intéressées dans les expéditions maritimes (propriétaires, copropriétaires, amateurs, etc.) aux risques maritimes et différents types de contrat maritime. Toutefois, les grands défis modernes du transport maritime ne sont pas abordés dans notre législation tels que la pollution des océans, la surexploitation des ressources et espaces maritimes essentielles a la biodiversité. Le transport maritime assure 80% du commerce mondial. Chaque année, plus de 50 000 navires de mer transportent plus de 10 milliards de tonnes de marchandises vitales dans le monde, et des millions de touristes de croisières. Pour ces raisons, il est primordial que l’Etat protège l’espace maritime, source de richesse biologique et économique à travers des règlements adaptés.

Par ailleurs, considérant l’évolution du secteur maritime, de la navigation et la nécessité de mettre en œuvre des mécanismes juridiques adaptés capables de garantir l’équité dans les rapports de l’administration publique avec les usagers dudit secteur ; l’urgence d’orienter le développement du secteur maritime dans le sens de la satisfaction de l’intérêt général en favorisant l’insertion d’opérateurs nationaux dans l’économie maritime ; l’Etat haïtien dans l’objectif d’adapter sa législation nationale avec les mécanismes juridiques internationaux en vigueur, a adopté un projet de loi portant code maritime et de navigation transmis au Senat le 21 Juin 2017.

Ces précisions apportées, il serait intéressant de nous demander si l’ancienneté des dispositions en matière maritime peut-elle être un élément d’empêchement pour le droit maritime de répondre aux besoins du commerce maritime ? Pour répondre à cette question, il convient de préciser que cette question ne se porte pas aux problématiques de l’application dans le temps du droit, dont l’un des principes phare est le principe de la non-rétroactivité de la loi. Mais plutôt à l’adaptation de la règle juridique aux défis du temps moderne.

Pour répondre a cette question, il convient de rappeler que les sources du droit maritime haïtien sont diverses et en constante évolution. En plus des règles de droit nationales, les conventions internationales auxquelles Haïti est signataire et qui ont été ratifiée par le parlement font partie intégrante de notre législation. Et de fait constitue une source de renouvellement de notre droit, qui lui permet de répondre aux besoins du commerce maritime. En sus des conventions qui ont une force contraignante, les lignes directives (non-contraignantes) de l’Organisation internationale maritime permettent aux Etats de disposer de l’arsenal juridique adéquat pour encadrer le commerce maritime. 

Malgré son importance pour l'économie haïtienne, le droit maritime reste un droit negligee. En effet, la majorité des marchandises importees dans le pays entrent par voie maritime, de fait une regulation adequate permettrait a l'Etat de contrôler les derives et la contrebande dans les ports. Au dela des questions commerciales, il faut noter que l'espace maritime haïtien constitue les 2/3 du territoire national. Pour cette raison, nous pensons que des initiatives devraient être prises pour tirer davantage profit des potentiels de notre espace maritime, notamment en construisant des espaces habitables sur la mer et en intensifiant le tourisme maritime dans le pays. 

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