Affrontement entre les forces armées de la Police et de FADH, Quelles règles de droit s’appliquent ?



 Credit photo : TED'ACTU 







Dimanche 23 février 2020, Les  diffusions en direct sur les réseaux sociaux  des images des échanges de tirs entre les forces  de l’armée d’Haïti et la Police nationale ont marquées la toile. Un évènement qui n’a pas manqué d’attirer l’attention et fait couler beaucoup d’encres tant au niveau national qu’international. Beaucoup d’observateurs sont perplexes quant à la position du droit dans cette situation inédite en Haïti.
Bien que les deux entités sont reconnues comme des forces armées en Haïti par la Constitution. Il semble que cette situation n’était pas prévue par le législateur haitien.  Pour trouver notre réponse, il nous faut tourner  vers la théorie de la hiérarchie des normes  tracée par la Constitution. Au terme  de son article 276, les Conventions internationales sont en deuxième rang dans la hiérarchie des normes. De ce fait, étant donné le silence de la loi mère, nous sommes obligés de nous tourner vers les textes internationaux.
En cas de conflits interne entre deux  ou plusieurs groupes armés, c’est le droit international  humanitaire , ou droit de la guerre qui s’applique.
D’après le comité de la croix rouge international, le conflit armé est un éclatement d’affrontement  violent de manière prolongée entre les forces gouvernementales et  un ou plusieurs  groupes armés organisés, ou entre de tels groupes, sur le territoire d’un Etat.


Les Règles du droit de la Guerre spécialement applicable aux conflits armés non internationaux sont édictées dans le  deuxième protocole additionnel de la Convention de Genève du 12 aout 1949. L’article premier du protocole stipule :
1.      Le présent Protocole, qui développe et complète l’article 3 commun aux Conventions de Genève du 12 aout 1949 sans modifier ses conditions d’application actuelles, s’applique à tous les conflits armés qui ne sont pas couverts par l’article premier du Protocole additionnel aux Conventions de Genève du 12 aout 1949 relatif à la protection des victimes des conflits armés internationaux (Protocole I), et qui se déroulent sur le territoire d’une Haute Partie contractante entre ses forces armées et des forces armées dissidentes ou des groupes armés organisés qui, sous la conduite d’un commandement responsable, exercent sur une partie de son territoire un contrôle tel qu’il leur permette de mener des opérations militaires continues et concertées et d’appliquer le présent Protocole.

2.       Le présent Protocole ne s’applique pas aux situations de tensions internes, de troubles intérieurs, comme les émeutes, les actes isolés et sporadiques de violence et autres actes analogues, qui ne sont pas considérés comme des conflits armés.

En considérant les critères d’un conflit armé interne tel que défini par les règles du droit international humanitaire (DIH) nous constatons qu’on ne peut qualifier l’affrontement aléatoire entre les policiers et les soldats de la FADH  d’une courte durée  comme un début  d’une guerre civile.

Ce genre d’altercations entre des frères d’armes s’est déjà produit au Nigeria en date du 21 septembre 2019 ; en France, des affrontements ont eu lieu entre les pompiers et les forces de l’ordre qui réclamaient une revalorisation salariale le 15 octobre 2019. Elles ont toujours été traitées comme des incidents regrettables qui sont gérés par  les supérieurs hiérarchiques et des  dispositions ont été prises pour éviter de nouvelles montées d’escalades du genre.  

L’affrontement du dimanche 23 février 2020, est le signe d’un malaise de société profond que l’on doit traiter avec la plus grande diligence , une opportunité de poser les vraies questions, d’entamer les discussions qu’on évite depuis trop longtemps et éviter de noyer les revendications de leurs droits des groupes de la population dans des conflits politiques entre le gouvernement et l’opposition. Le réflexe de certains serait de penser à augmenter les normes , mais nous croyons que l’abondance des normes n’apportera pas de solutions durables tant que les institutions ne seront pas doter de moyens suffisamment efficient pour répondre aux besoins sociaux.   

Devrait-on prendre au sérieux les allégations selon lesquelles des individus qui n’appartiennent ni à la police nationale ni à la FADH ont pris part aux échanges de tirs ?  Une enquête doit être diligentée pour déterminer s’il y a eu infiltration ou pas.

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